Le chantier en cours sur la ligne SNCF Toulouse Carcassonne est unique en son genre. Une gigantesque usine roulante met à profit la nuit pour refaire la voie.

Il n'existe que trois «machines» de ce type en France. Un gigantesque train transformé en usine roulante qui ne sort que la nuit, lorsque le trafic ferroviaire est arrêté. Sa mission, rénover les voies ferrées à raison de 800 mètres à un kilomètre par jour, ou plutôt par nuit. Un monstre de métal et de lumière, bourré de technologie, servi par 400 personnes. Il faut dire que ses performances sont uniques. Avançant au rythme de 0,2 kilomètre à l'heure, si tout va bien, en une nuit, il démonte les rails, enlève le ballast, le remplace, enlève les traverses pour en mettre des neuves, remet les rails, les agrafe sur les traverses, remet le ballast, le tasse, ressoude les rails, assume toutes les mises à niveau nécessaires et au matin, rend la voie à la circulation des trains. Et il en passe des trains sur le secteur en cours de rénovation dans l'Aude, les 20 km qui séparent Castelnaudary de Villefranche-de-Lauragais. Chacune des deux voies est empruntée chaque jour par 35 trains de voyageurs et 15 trains de marchandise. Le maître d'ouvrage de ce chantier à plus de 42 millions d'euros, Réseau ferré de France, a confié les travaux à une société spécialisée, Transalp, dont les hommes travaillent souvent dans les pires conditions atmosphériques. Un chantier qui doit enfin intégrer des normes de sécurité très élevées autant la nuit, pendant le travail de l'usine roulante, que le jour, lorsque la voie rénovée est rendue à la circulation des trains. En 2017, Réseau ferré de France déplacera son chantier à Carcassonne, pour se diriger vers Narbonne.

82 000 traverses à remplacer

Ce chantier est aussi celui de chiffres qui permettent de mesurer l'ampleur de l'investissement et la technicité du travail réalisé. Ainsi, pour rénover ces 20 kilomètres de voie il faudra remplacer 82 000 traverses poser 16 kilomètres de rails, une grande partie d'entre eux étant conservés après un examen minutieux. On devra acheminer et déposer 96 000 tonnes de ballast neuf. Le ballast enlevé est avalé par l'usine roulante qui le trie, sépare les cailloux trop gros ou trop petits et recycle le reste sur place. Le nouveau ballast est ainsi composé pour moitié de nouveaux matériaux et d'anciens recyclés. Il faut aussi acheminer les 82 000 traverses déposées vers une zone de stockage où elles seront ensuite recyclées. Le tout bien évidemment de nuit, dans des conditions difficiles que les mesures très strictes de sécurité rendent plus complexes encore.